En décembre 2022, les scientifiques du National Ignition Facility (NIF) ont annoncé une « percée historique » dans le domaine de la fusion. Ils ont réussi, pour la première fois, à libérer plus d’énergie par des réactions de fusion que celle nécessaire pour les provoquer (« break-even »).
En 2023, une nouvelle étape expérimentale a été franchie. Le Japon et l’Europe (projet ITER) ont inauguré le plus grand réacteur expérimental à fusion nucléaire du monde au National Institute for Quantum Science and Technology (QST), au nord de Tokyo. Dans une machine haute de cinq étages, sorte de sphère autour d’un tore géant, les chercheurs japonais et européens viennent de réussir à générer, pour la première fois et pendant dix secondes le plasma – un nuage de gaz ionisé – nécessaire à l’amorçage de la fusion nucléaire. La température du plasma est de plus de 15 millions de degrés Celsius. Si plusieurs pays ont déjà réussi à créer du plasma, aucun n’avait encore réussi à en produire dans d’aussi grandes quantités, avec un volume record de 160 mètres cubes. La génération de ce plasma doit permettre d’affiner les technologies utilisées dans ITER, le réacteur de fusion expérimental, deux fois plus grand, en cours de construction à Cadarache, en France, dans le cadre d’un projet de coopération internationale regroupant l’Union européenne et le Japon, la Chine, la Corée du Sud et les Etats-Unis.
On est encore très loin d’applications industrielles, mais ces avancées sur la fusion sont historiques.
Dans un registre moins disruptif, les conséquences de la guerre en Ukraine dans le domaine de l’énergie ont relancé l’intérêt pour les petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR en anglais). Le gouvernement français a annoncé sa volonté de lancer la construction d’un prototype de SMR avant la fin de la décennie 2030. En juin 2023, le gouvernement avait alloué respectivement 10 et 15 millions d’euros aux start-up Naarea et Newcleo. Au mois de décembre 2023, à l’occasion du World Nuclear Exhibition à Paris, le gouvernement a annoncé que six nouvelles start-ups vont bénéficier de fonds publics pour accélérer leurs développements. Elles recevront 77,2 millions d’euros de subventions et pourront en outre bénéficier d’un soutien du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) pour éprouver leurs technologies à hauteur de 18,9 millions d’euros.
C’est la start-up Jimmy qui se taille la part du lion des subventions allouées (32 M€). Son réacteur à haute température pour produire de la chaleur industrielle décarbonée est le plus mûr techniquement. Les autres start-up candidates proposent des technologies variées pour produire de l’électricité : mini-réacteur à eau pressurisée ; microréacteur à sels fondus et à neutrons rapides fonctionnant à partir de combustibles ayant déjà été irradiés ; ou réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb. L’application de toutes ces technologies à l’échelle d’un SMR nécessite encore beaucoup d’efforts de R&D.