Les industriels de la défense au tour de table
Le fonds financera-t-il pour autant des armes « létales » ? Les discussions sont en cours avec les institutionnels sur le règlement du fonds. Toutefois, souligne le gérant, « les productions de nombreuses entreprises sont à la fois à usage civil ou militaire (‘dual use’) ». En clair, la finalité d’un matériel n’est pas aussi tranchée. Un drone peut avoir par exemple un usage civil ou pour la défense. Pour ses composants, une approche binaire est encore plus difficile à appliquer.
Quant à l’interprétation de certaines agences de notation sur le caractère potentiellement non « durable » des dettes qui seraient émises, « elles n’ont pas un magistère moral sur les entreprises européennes », dit-il.
L’agence Morningstar DBRS voit même dans le financement de la défense une véritable opportunité pour les fonds de crédit. « Il existe un déficit de financement pour les PME européennes du secteur de la défense. Elles ont des difficultés non seulement à accéder au financement, mais aussi à disposer de comptes bancaires », justifiait Arnaud Journois, vice president au sein de l’agence, à l’occasion de la publication d’une étude sur le sujet l’été dernier.
L’objectif de Sienna IM est de sceller un premier closing de 250 millions d’euros d’ici à juin, ce qui lui permettra d’investir, et d’atteindre son haut de fourchette en fin d’année ou début 2026.
Outre les discussions menées depuis le printemps 2024 avec ces investisseurs institutionnels, Thibault de Saint Priest et Laurent Dubois expliquent avoir mené un gros travail avec les grands donneurs d’ordre qui reçoivent les contrats de la Direction générale de l’armement (KNDS, Airbus, Safran, Naval, MBDA, Thales ou encore Nexter et Dassault) et les distribuent ensuite aux sous-traitants. Une enveloppe de 10 % du montant levé leur sera ouverte à la souscription aux côtés des assureurs.
Nouveaux modes de financement
Interrogé, Thales, qui dit avoir investi « de façon exceptionnelle » dans le premier fonds ACE Aéro Partenaires suite au Covid, et, de manière « très limitée aussi », dans le fonds Quantonation sur les technologies quantiques « d’intérêt stratégique pour le groupe », n’a pas vocation à intervenir « directement dans des fonds de dette tels que celui de Sienna IM ».
En revanche, le spécialiste des hautes technologies « salue l’émergence de nouveaux modes de financement pour la défense, qui peuvent contribuer à mobiliser des ressources cruciales pour les investissements dans ce secteur, tels que les fonds de dette ou les produits d’épargne, qu’ils soient nouveaux ou existants, avec un fléchage vers la défense ».
Anne Drif
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