Non classifié(e)

Les investissements dans la transition énergétique restent insuffisants pour atteindre le net zéro d’ici 2050

Un entretien avec Philippe Garrel, Directeur des fonds de dette transition énergétique de l’expertise debt privée de Sienna IM
Dès 2025, la production d’énergie d’origine renouvelable sera supérieure à la production d’origine fossile, dans l’ensemble des zones géographiques mondiales, selon l’agence internationale de l’énergie. Les capacités de production dans le domaine du photovoltaïque ont par exemple progressé de 33% en 2023. Dans le même temps, les investissements sur les énergies renouvelables deviennent également supérieurs aux investissements sur les énergies fossiles. La transition énergétique représente par exemple 1.200 milliards d’euros d’investissement par an en Europe. « Pour autant, ces investissements restent insuffisants pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon de 2050 », alerte, dans cette entretien, Philippe Garrel, Directeur des fonds de dette transition énergétique de Sienna IM.

L’électrification des usages (décarbonation de l’industrie, développement des carburants électriques, production de carburants de synthèse…) va en effet entraîner une forte hausse de la demande d’électricité (+4% attendu en 2024, soit une croissance supérieure à celle du PIB) et donc du besoin de financement de nouveaux projets.

Cependant, l’un des freins au développement des énergies renouvelables est leur intermittence. Cela peut même induire des prix négatifs (déjà 233 heures en France au premier semestre). La situation est paradoxale, puisque la consommation d’électricité va significativement augmenter au cours des prochaines années (+40% attendu en Europe dans les dix prochaines années) et pourtant on assiste à un excès momentanée d’énergie. « Gérer l’intermittence des énergies renouvelables passe par le pilotage de la demande et par l’ajout de nouvelles solutions : des projets de stockage d’électricité (à travers des batteries) ou de nouvelles énergies, telles que l’hydrogène. Ces évolutions représentent des défis technologiques et il repose sur une multitudes de projets, développés dans le monde entier par des acteurs de taille intermédiaire. La transition énergétique est avant tout une transition décentralisée » analyse Philippe Garrel. Les multinationales se focalisent pour leur part sur des projets de grande taille, comme l’éolien offshore par exemple, ou de plus petits projets lorsqu’ils sont devenus matures et peuvent être rachetés.

« L’axe de développement de Sienna IM consiste à accompagner des projets innovants développés par des acteurs industriels de taille intermédiaire. Nous avons ainsi récemment financé une entreprise spécialiste des projets hybrides, dans les domaines du photovoltaïque et du stockage batterie ZE Energy, ou le développeur italien Enfinity. Nous avons pour ambition de continuer à accompagner ces nouveaux acteurs sur les technologies du futur : le biogaz, comme la pyrogazéification ou la récupération de gaz de décharge » indique Philippe Garrel.

Il est indispensable d’augmenter les investissements en faveur de la transition énergétique, mais la liquidité des institutionnels est moindre et les contraintes budgétaires des états sont plus fortes. « La solution sera donc de se tourner vers l’épargne des particuliers et plusieurs initiatives réglementaires récentes, le règlement Eltif 2.0, la loi industrie verte, vont dans ce sens, » relève Philippe Garrel. Dans cette perspective, Sienna IM donnera accès aux investisseurs particuliers à des solutions d’investissement, destinées historiquement aux institutionnels, à travers leurs contrats d’assurance-vie et leurs plans d’épargne retraite.