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Exclusif: Interview du général Jean-Marc Duquesne, Délégué Général du GICAT

La stratégie de financement Héphaïstos* de Sienna IM pourrait jouer un rôle clé pour aider les PME et ETI européennes à devenir plus résilientes et évolutives. C’est une alternative très crédible qui n’est pas encore beaucoup utilisée actuellement, une véritable opportunité. 

Pourriez-vous nous donner un aperçu du GICAT (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) et de son rôle dans l’industrie de la défense française ? 

Le GICAT joue un rôle central au sein du Conseil de l’Industrie de la Défense Française (CIDEF), qui comprend trois branches principales : le GIFAS, représentant le secteur aéronautique et spatial, avec 70 % des activités dans le domaine de l’aviation civile et 30 % dans la défense ; le GICAN, couvrant les secteurs naval et maritime (60 % de son engagement est orienté vers la défense) ; et enfin, le GICAT, entièrement dédié à la défense et à la sécurité, qui inclut les opérations terrestres et aéroterrestres. Le GICAT représente environ 8,9 milliards de revenus provenant de 400 entreprises, dont 70 start-ups, et soutient environ 50 000 emplois directs et indirects. Les PME constituent 78 % de nos membres et nous concentrons nos efforts sur quatre domaines clés pour les soutenir : premièrement, fournir une assistance directe aux PME ; deuxièmement, promouvoir des relations plus fortes entre les principaux contractants et ces entreprises ; troisièmement, améliorer la résilience numérique ; et enfin, favoriser l’amélioration de leurs performances industrielles avec le soutien des principaux contractants. 

Les PME représentent 78 % de nos membres et nous nous concentrons sur quatre domaines clés pour les soutenir : premièrement, fournir un soutien direct aux PME ; deuxièmement, promouvoir des relations plus fortes entre les principaux contractants et ces entreprises ; troisièmement, améliorer la résilience numérique ; et quatrièmement, favoriser les améliorations dans leurs performances industrielles avec le soutien des principaux contractants. 

Quelles sont les principales difficultés auxquelles l’industrie européenne de la défense terrestre est confrontée aujourd’hui ? 

D’une part, il faut fournir aux forces armées françaises des technologies de pointe pour garantir la supériorité opérationnelle ; d’autre part, il faut faire face à la concurrence des industries émergentes de la défense de pays comme la Turquie, la Chine et la Corée du Sud, qui ont fait des progrès considérables en termes de qualité et d’efficacité. Par conséquent, il est essentiel de garantir que notre secteur reste compétitif, surtout qu’il dépend fortement des exportations. 

Quel est l’importance des exportations pour le modèle économique de l’industrie de la défense française ? 

Les exportations sont essentielles pour l’industrie de la défense française, qui est le deuxième exportateur mondial. Malgré les récents augmentations du budget de la défense, les dépenses internes seules ne peuvent soutenir la croissance du secteur ou les efforts de recherche et développement. L’exportation permet à l’industrie d’augmenter la production, de réduire les coûts unitaires et de maintenir la compétitivité mondiale. Comme beaucoup de nos voisins européens, le secteur de la défense français dépend fortement des marchés internationaux. Cette dépendance pousse la France à s’engager pour garantir une forte identité européenne en matière de défense, tout en cherchant à étendre ses marchés dans des régions stratégiques telles que l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est. Le gouvernement soutient ces efforts d’exportation, qui renforcent à leur tour les capacités de défense de la France. 

 

La Pologne a récemment acheté 1000 tanks à la Corée du Sud ; comment expliquez-vous ce choix ? 

En juillet 2022, la décision de la Pologne d’acheter, entre autres équipements, 1000 tanks et 670 obusiers à la Corée du Sud souligne l’importance de la réactivité. La présence établie de la Corée en Pologne et sa capacité de production évolutive lui ont permis de livrer 180 tanks entre 2022 et 2025 et de démarrer une production sous licence en Pologne pour une grande partie des équipements commandés, une capacité que la France ou l’Allemagne ne pourraient pas égaler à court terme. La situation met en lumière la valeur des partenariats proactifs, de la production agile et massive, et d’une infrastructure évolutive ; pour l’Europe, la conclusion est claire : une stratégie de défense solide nécessite des capacités flexibles et des relations solides avec les clients permettant des réponses rapides, transformant les délais de plusieurs années à quelques mois ou semaines. 

Quel a été l’impact de la guerre en Ukraine sur l’industrie de la défense européenne ? 

Le conflit en Ukraine a eu un impact substantiel sur l’ensemble du secteur. Bien que nous ne soyons pas officiellement dans une économie de guerre (avec des dépenses inférieures à 2 % du PIB en 2024), l’industrie a certainement été mobilisée. Il y a eu une prise de conscience collective parmi les forces armées, le gouvernement, l’industrie et le public de la nécessité d’être préparé. 

 

* créafion de fonds sous forme de SICAV RAIF incorporé au Luxembourg géré par Sienna AM France sur délégation ; Sienna AM France, société de gestion agréée par l’AMF n°GP97118, membre du groupe Sienna IM