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Effort européen de défense : Et si la dette privée était la source de financement répondant le mieux aux besoins en financement des industries de la défense ?

Depuis l’intensification des tensions géopolitiques mondiales en Ukraine et au Proche-Orient, la question du réarmement européen et de son financement est revenue au cœur de tous les débats politiques et économiques. 

En 2024, le rapport Draghi appelait à la création d’un fonds de 100 milliards d’euros pour renforcer, accélérer et soutenir la production industrielle de la défense européenne. Plus récemment, début mars 2025, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a proposé un plan nommé « Rearm Europe » qui pourrait permettre aux États membres de mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros pour financer une augmentation massive des dépenses de défense, quelques heures après que Washington a suspendu toute aide militaire à l’Ukraine, faisant ainsi pression sur l’Union européenne pour qu’elle augmente sa propre assistance. 

Bien que la plupart des pays européens aient augmenté aux cours des dernières années leurs dépenses dans le secteur de la défense, d’importantes disparités de financement subsistent entre les différentes entreprises du secteur. Parmi elles, les plus touchées par cette disparité sont les PME et ETI de la BITD (base industrielle et technologique de la défense). 

Pourquoi une telle difficulté à trouver du financement ? 

Malgré l’important soutien et la création de différents programmes de financement par les pays membres ainsi qu’au niveau de l’Union européenne, les PME et ETI souffrent de difficultés d’accès à ces financements. Ces programmes sont difficilement accessibles pour les entreprises de petites tailles en raison de la complexité administrative et réglementaire. Mais aussi en raison du manque de confiance des grandes institutions étatiques dans la gestion des subventions pour les PME, par rapport aux grands groupes industriels de la défense. 

Dans cette logique, les grands groupes industriels de la défense privilégient généralement l’émission d’obligations pour se financer, bénéficiant ainsi d’une plus grande flexibilité. Par exemple, Thales et Leonardo ont respectivement émis 500 millions d’euros d’obligations en 2020 et 2023, tandis qu’Airbus a levé plus de 3 milliards d’euros en 2020. 

Toutefois, à l’instar des programmes de financement étatiques, l’émission d’obligations est inaccessible aux PME, car elle requiert des montants minimums trop élevés. 

Les banques, qui constituent traditionnellement le premier pilier de financement des PME, montrent une certaine réticence à l’idée de financer les industriels de la BITD et certaines solutions de financements traditionnelles s’avèrent mal adaptées aux besoins spécifiques de ces entreprises. De plus, ce type d’investissements ne produit pas de rendements immédiats et nécessitent un certain délai avant de générer des flux de trésorerie supplémentaires. Cela représente pour les banques un risque élevé, qui préfèrent investir dans des entreprises aux revenus plus prévisibles et réguliers, même s’ils sont moins élevés. 

Enfin, le secteur de la défense souffre souvent d’une image négative en matière de développement durable. Cette perception, devenue obsolète, pousse certains investisseurs à exclure ce secteur de leur portefeuille, malgré les évolutions considérable en matière de responsabilité environnementale. 

Cette difficulté à trouver du financement a été matérialisée en 2024 dans un rapport du FAFE, Survey on Access. Il y était estimé que 40 % des entreprises du secteur de la défense manquaient de financements ou rencontraient des difficultés à en obtenir, soit 25 % de plus que les PME des autres secteurs d’activité. 

Le Private Equity, une fausse solution ? 

La complexité et l’importance  du secteur de la défense impose des critères stricts en matière de gestion et de répartition du capital pour assurer le bon développement des PME. L’entrée en capital de sociétés de private equity, entraînant une dilution de celui-ci, pourrait limiter la prise de décision ou conduire à des choix stratégiques inadaptés à leur croissance. 

Par ailleurs, les investisseurs en private equity peuvent éprouver des difficultés à anticiper les besoins de financement des PME de la défense et à évaluer leur retour sur investissement. Contrairement à d’autres secteurs, celui de la défense est faiblement corrélé aux cycles économiques classiques et dépend principalement des orientations stratégiques en matière de défenses des États européens et de l’Union européenne. j 

La dette privée : le levier essentiel pour financer le développement des PME et ETI de la défense 

Grâce à sa rapidité et sa flexibilité, la dette privée représente une solution clé pour soutenir le développement des PME. Des enjeux stratégiques tels que la relocalisation et l’augmentation des capacités de production nécessitent un financement adapté, que ce modèle peut efficacement fournir. 

La dette privée se distingue par son accès rapide au capital, offrant ainsi aux PME les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins opérationnels. Sa structure bilatérale garantit également une vision à long terme, permettant aux entreprises de stabiliser leurs flux de trésorerie tout en soutenant leur croissance. 

Son approche sur mesure constitue un levier puissant pour accélérer le développement des PME, en leur proposant des solutions de financement adaptées à leurs contraintes et à leurs cycles d’investissement. 

Enfin, le secteur de la défense, et plus particulièrement celui des entreprises de la supply chain de la défense, étant d’une importance stratégique, bénéficie d’un écosystème de spécialistes capables d’accompagner ces entreprises dans leur structuration financière.